Moxibustion, l’armoise, une plante nobélisée
La Fondation Lasker, puis l’Académie Nobel ont consacré la puissance de l’armoise et honoré la ténacité de l’éminente Madame Tu Youyou. Cette chercheuse en pharmacopée, née en 1930, a développé un traitement contre le paludisme à partir des principes de la Médecine Traditionnelle Orientale et des potentialités de Artemisia annua et dont les vertus médicinales sont connues depuis des millénaires en Chine et utilisées dans la préparation de la moxibustion. Preuve que médecine ancestrale et médecine moderne ne sont pas à opposer.
Le Nobel de médecine
Youyou Tu devient ainsi la première femme Chinoise (et la douzième femme depuis 1901) à être récompensée par le Nobel de médecine. Pour Youyou Tu, c'est d'abord vers la médecine traditionnelle - et non la lutte contre les maladies parasitaires - que porte son intérêt. Pionnière dans la recherche d'un traitement antipaludique pour les troupes vietnamienne et Chinoise qui combattent les colonisateurs français et américains dans la jungle indochinoise. Mao Zedong lui confie une mission secrète appelée "523" (comme la date à laquelle il a été lancé, le 23 mai 1967) dont l’objectif est de trouver un remède dans la médecine traditionnelle chinoise contre le fléau du mal-air, Malaria. Et pourquoi pas doubler les États-Unis, où des scientifiques s'acharnent aussi à trouver un remède contre lequel le paludisme ne développerait pas de résistance, en vain. Youyou Tu es envoyée dans la province de Hainan pour observer les effets de la maladie où elle épluche plus de 2.000 recettes de remèdes traditionnels
Parmi les 380 extraits de plantes qu'elle teste sur des souris, l'un d'eux, utilisé pour faire baisser la fièvre - la plante chinoise Artemisia annua - semble réduire le nombre de parasites dans le sang. Au début, les effets bénéfiques de la préparation à base de cette plante ne durent pas. S'inspirant d'un document ancien, "Les prescriptions d'urgence à garder sous le coude", Youyou Tu modifies le processus d'extraction de cette substance pour la rendre plus efficace avant d'isoler l'ingrédient actif, l'artémisinine. Elle décide alors de commencer les essais humains sur elle-même avant de les tester sur de vrais patients. En une trentaine d'heures, ce traitement parvient à faire baisser la fièvre et le nombre de parasites dans le sang.
Les obstacles politiques ont fait longtemps obstruction à la reconnaissance de ce savoir. Actuellement, l'artémisinine est considérée comme un traitement très efficace contre le paludisme, maladie qui touche près de 200 millions de personnes par an. Les résultats recensés dans certains pays d'Afrique qui testent des traitements à base de cette substance sont "spectaculaires". Selon Médecins sans frontières (MSF), l'artésunate, dérivé de l'artémisinine, réduit la mortalité de cas de paludisme sévère de 39 % chez les adultes et 24 % chez les enfants.
Désormais distinguée, l’armoise, sous sa forme artémisinine, est soumise à toutes sortes de tests et de développements : Depuis, la plante fait valoir ses vertus dans des alternatives à certaines chimiothérapies.
Michael Phelps : une ventouse et ça repart
Michaël Phelps, le sportif le plus titré de l'histoire des Jeux olympiques, (28 médailles dont 23 d'or) a donné un coup de projecteur sur le « cupping ».
La technique des ventouses utilisée par de nombreux athlètes dont le corps est l’outil de travail, a fait les gros titres lors des Jeux Olympiques de Rio, en 2016, lorsque le célèbre nageur est apparu avec des traces violettes sur le dos, les jambes et les bras. Les médias se sont empressés de redécouvrir « une méthode assez simple qui était pratiquée de manière ancestrale en Europe, comme les cataplasmes et les enveloppements. Mais alors qu’elle est tombée en désuétude chez nous, la tradition chinoise en a conservé l’usage » (Eurosport). Cette technique de régénération de l’oxygène dans le sang permet une récupération profonde et une élimination de la fatigue plus rapide.
À l’époque, cette technique se faisait à l’aide de pots en verre très solides, à l’intérieur desquels on passait un coton enflammé avec de l’alcool à 90 degrés pour créer du vide. On les plaquait ensuite contre le dos, ce qui créait une dépression aspirant la peau. Cette méthode était alors utilisée principalement comme révulsif pour traiter les encombrements pulmonaires.
Les Chinois ont continué à utiliser cette recette de grand-mère. Les ventouses sont maintenant en plastique, ont un petit clapet et le vide se fait avec une petite pompe manuelle. C’est cette même méthode qui est reprise par le nageur américain Michaël Phelps, comme on peut très bien le voir sur une photo qu’il a partagée sur son compte Instagram.
Le cupping, efficace contre les douleurs des règles
Dans le cadre d’une médecine holistique plus poussée, la technique des ventouses est encore très utilisée dans les hôpitaux chinois. Il est, par exemple, commun de s'en servir contre les douleurs des règles chez les femmes, en les appliquant sur la zone lombaire ou le sacrum.
Dans la médecine chinoise, la compréhension énergétique, l’analyse fine du diagnostic, la circulation dans le système des méridiens qui irriguent le corps donnent accès aux outils que sont : les aiguilles fines, les massages, mais aussi le cupping.
Il existe ainsi dans le dos toute une ligne de points qui correspondent à différents organes. Si l’on veut atteindre les poumons, on ciblera plutôt la zone située entre les omoplates, alors que pour une lombalgie, on visera le sacrum. Optimiser la respiration et la digestion, gérer le stress, favoriser la récupération ne peut se concevoir que par une prise en charge globale par un praticien de médecine chinoise.
Il est cocasse de constater la complaisance des pourfendeurs des médecines alternatives lorsque celle-ci concourt à faire gagner des médailles d’or. Chez des athlètes très attentifs à leur santé et très contrôlés, le cupping devient une sorte de soin innovant, légal, sans aucun effet néfaste et qui laisse des traces visibles dont ils peuvent être fiers.